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 louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb

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Theodore Kidd

Theodore Kidd
VIRUS VC321xb47 : STAGE 1

Messages : 324 Avatar : dane dehaan
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Occupation : fondu errant entre deux dunes de sable
Inventaire : une louise un peu plus cinglée chaque jour, un trou dans sa poche gauche et dans son coeur, un sachet de bliss et un revolver pas très maniable, chargé de cinq balles

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Message(#) Sujet: louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyDim 29 Mar - 19:50


- que deviennent les rêves qui se brisent ?
- le terreau des rêves à venir.


Il fallait qu'il continue d'avancer. Il suivait un point invisible et fixe sur l'horizon d'ocre, une perle nacrée que seuls ses yeux apercevaient ; le but de toute cette expédition, son premier objectif, sa dernière volonté. Il fallait qu'il poursuive son chemin, qu'il réduise davantage les kilomètres qui le séparaient de ce qui lui semblait être une cité en ruines et pourtant, un abri de fortune acceptable. Et Theo accélérait d'autant le pas qu'il refusait d'être exposé au soleil trop longtemps, surtout lorsque celui-ci atteindrait son zénith. Le milieu de matinée était déjà bien entamé, mais la température montait à une vitesse folle, si bien qu'il était déjà en sueur. Et il en avait assez, Theodore. Il en avait plus que marre. Marre de ce climat aride, qui l'insupportait de jour comme de nuit, de cette sécheresse permanente qui lui tapissait la gorge, de cet air sablonneux qui obstruait ses bronches, de ses vêtements sales qui collaient à sa peau poisseuse, de la faim qui tiraillait son estomac et la peur son esprit. Il était prêt à tout foutre en l'air, à hurler contre le monde et son injustice, les jambes tremblantes, la voix fêlée et le cœur en miettes. Mais il continuait sa route. C'était la seule option envisageable.
Alors, il livrait ce perpétuel combat avec lui-même ; il avançait, stoïque, droit, les jambes lourdes et le cœur gros. Mais il ne fléchissait pas, il tremblait parfois, manquait de tomber, la faute à sa perception visuelle et ses réflexes qui déconnaient un peu plus chaque jour. Il se concentrait sur autre chose, laissant la mécanique corporelle faire son œuvre.
Et alors il lâchait la bride de son âme et rêvait. Il s'ouvrait sur le monde et ses senteurs, il pensait à avant, à plus tard, à ailleurs. Aux changements ; mais aussi aux choses qui ne changeaient pas, et qui ne changeraient peut-être jamais. Immuables, dans l'espace comme le temps, qui se perdaient dans l'infiniment petit, qui s'oublie en plongeant dans l'infiniment grand. Des choses qui n'auraient pas dû se produire, d'autres sans quoi rien n'aurait été possible. Des petits actes, aussi peu significatifs que l'éclosion d'une fleur, ouvrant son cœur de pétales sur le monde ; de beaux spectacles, qu'on lui contait depuis sa tendre enfance, avec cette inflexion amère, couverte de regrets passés, et qu'il ne pourrait jamais détailler de ses propres iris  comme la valse des aurores boréales sur le tapis céleste du nord, le bercement des vagues, les forêts denses et les banquises froides et immaculées, le clapotis d'une rivière, le chant des oiseaux, les couleurs du ciel. Les correspondances se mêlaient dans son esprit embrumé, les mélodies devenaient couleurs, les textures gagnaient en rythme et les taches de soleil dansaient sur sa peau, irradiant de chaleur son derme. À d'autres moments encore, il se rappelait son passé, son imagination de gamin qui se croyait chevalier servant, cow-boy de l'espace, empereur d'un pays couvert de glace vanille et de sauce chocolat. Et avec les souvenirs venaient les émotions : l'amour, la haine, la joie, la peine. Il en existait de multiples, toutes plus versatiles les unes que les autres, hautes lumières des esprits affûtés qui guidaient l'âme.
Qui la perdait, aussi.
Depuis gosse, Theo, il était pas certain de pouvoir contenir tous ces sentiments dans un même corps, dans un même cœur. Il avait toujours peur que ça explose, que ça gonfle et que ça claque, comme un oisillon malheureux et sauvage prisonnier d'une cage d'os. Alors il s'attachait pas trop aux gens, il préférait éviter le trop-plein de contact plutôt que de se la jouer bombe à retardement. Mais maintenant, il en était devenu une véritable. Et sa seule compagnie ne cessait de marmonner dans la barbe qu'elle n'avait pas et de grogner son mécontentement sur ce trek désertique interminable. Theodore fit mine de ne pas entendre l'agacement certain de Louise, qui marchait dans son dos. Il se demandait d'ailleurs, si c'était une bonne idée, d'avoir pris la tête, ou s'il risquait de finir avec une lame rouillée plantée impulsivement à l'arrière de son crâne. Et même si, d'un côté entendre les mugissements de la lionne le rassurait quelque peu -signes qu'elle le suivait toujours, qu'elle était en vie et dans un état semblable à quelques minutes auparavant- son comportement finissait par le gaver. Et il ne tarda pas plus à le lui faire savoir. « T'as pas bientôt fini de râler comme une gosse ? » Il ne se retourna pas immédiatement, plissant les yeux pour observer l'horizon plat et dur qui s'étendait à perte de vue. Il sentait ses pieds contre le sol raffermit depuis qu'ils avaient surpassé la dune précédente, et qu'un sol aride plus rocailleux s'offrait à eux. Il était peu amateur de la sensation que de marcher sur le sable lui procurait. « Il faut qu'on trouve de quoi nous abriter du soleil, le temps que la température redescende, alors tu ferais mieux de regarder à droite et à gauche plutôt que de rugir comme un animal agonisant. » Ses pupilles océans croisèrent un bref instant celles de sa formelle collègue et il ajouta sur un ton plus incisif néanmoins accompagné d'un sourire en coin « Oh, et si tu pouvais trouver de quoi bouffer, tu serais une parfaite petite femme à marier. » Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour bon steak, une couette duveteuse et une douche fraîche.
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Louise Moreau

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Occupation : errer dans son monde sans espoir. se maintenir en vie pour quelques jours de plus. parler à ses mirages.
Inventaire : un gourde d'eau à moitié vide. ✱ une trousse de premiers secours pour soigner son orgueil en miettes. ✱ un vieux couteau bizarre, ramassé dans le désert, pour trancher la gorge des fondus trop insistants, ou peut-être même de theodore.

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Message(#) Sujet: Re: louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyMar 31 Mar - 0:47


- my mind was a fog -
theodore/louise
Le soleil ardent ravageait sa peau de poupée. Sa chevelure blonde, dernier rempart entre sa nuque pâle et les rayons brûlants, semblait briller sous la lumière trop brusque de l'astre. A travers ses chaussures, le sable lui brûlait les pieds. La fatigue des nuits passées à dormir à tour de rôle rendait sa démarche saccadée, elle n'était rien de plus qu'une carcasse creuse et désespérée se mouvant dans le désert. Ses yeux clairs brillaient pourtant d'un espoir vif, inébranlable, dernier fil presque imperceptible la rattachant à la vie. Ou la rattachant à l'humaine. La mort planait - elle la voit, telle une corneille - bien trop près de son auréole de cheveux dorés. Louise essayait de ne pas se laisser aller. Elle marchait - un pied devant l'autre, inspire, expire - fixant le dos de Theodore et ses omoplates se mouvant à chacun de ses pas. Vivre, survivre, marcher. Toujours marcher. La Braise exaltait ses sens. Des points flous dansaient devant ses yeux alors que les idées se mélangeaient dans son cerveau. Elle était ivre, ivre de folie, de sensations, de mirages. Elle inspira une bouffée d'air qui lui brûla les bronches. Dans son cerveau dérangé, elle essayait de ramasser ses miettes de coeur, ses miettes de vie, dévorées par la Braise, brisées par son erreur. Oh, c'était bien simple, il ne lui restait pas grand chose. Rien d'autre qu'une trousse de soin, Theodore, son orgueil en morceaux et ses souvenirs trop beau, trop lumineux, trop lointains de Victoire. Victoire, qu'elle avait aimé comme personne d'autre, qu'elle avait vénéré, pardonné, aimé, et re-aimé, la soeur stellaire et inaccessible. Elle n'était désormais plus rien, rien qu'une forme éthérée dansant devant ses yeux, sculptée par son délire mais toujours aussi belle. Louise aurait voulu pouvoir tenir son mirage, le serrer contre son coeur, fort, très fort, toujours plus fort. Sentir la caresse de sa main rassurante. Entendre sa voix mélodieuse alors qu'elle parle de s'enfuir d'une cage dorée. Louise, elle s'était trop brûlée les ailes pour pouvoir atteindre une dernière fois sa divine aînée.
Mais le doux mirage s'évanouissait toujours trop vite, alors que Louise aurait bien voulu attendre là, se laisser mourir, sous le soleil et sous le regard clair de Victoire. Les cheveux d'étoile disparaissaient pour laisser place à un tourbillon cauchemardesque, une cacophonie dans ses oreilles, un bourdonnement dans sa tête, des points noirs dansants, et un mot, un mot, une malédiction. La Braise, Louise, la Braise. L'échec, cinglant, la mort, cruelle.
Pour se ressaisir, la blonde frottait ses yeux pour en chasser la laideur, fixait à nouveau Theodore, ses cheveux clairs sous le soleil, son dos, et parfois ses yeux froids. La réalité. Sa seule réalité désormais, seul et unique astre dans la nuit noire de son esprit. Theodore. Theo. Louise le regardait se battre et se débattre pour survivre, pour ne pas sombrer, pour ne pas abandonner. Il était vivant, à côté d'elle, carcasse de moineau, coquille creuse désertée lentement mais bien trop vite par la raison, par la vie.
Elle s'était sentie vivante un instant, extatique, les mains agitées de tremblements incontrôlables et un sourire rêveur plaqué sur les lèvres. La dure réalité s'abattit pourtant de nouveau sur ses épaules de porcelaine, fissurant encore et toujours sa carapace. C'était comme une claque trop cinglante, comme un plongeon dans l'eau glacée, c'était bien trop brusque comme retour à la réalité. Alors elle fit ce que Louise faisait de mieux, se plaindre, râler sur sa condition, tout en regardant Theodore se crisper devant elle, déjà agacé par ses caprices puériles de petite princesse trop habituée à vivre dans sa tour de cristal.

- T'as pas bientôt fini de râler comme une gosse ?

Elle pinça les lèvres face à sa réaction brusque et lui lança un regard mauvais, puisqu'elle n'avait rien de mieux à faire pour ne pas envenimer la situation. Louise, elle n'était pas stupide, et elle savait bien qu'elle ne ferait jamais le poids contre Theodore, si, dans une vague de folie mutuelle, ils en viendraient aux mains.

- Il faut qu'on trouve de quoi nous abriter du soleil, le temps que la température redescende, alors tu ferais mieux de regarder à droite et à gauche plutôt que de rugir comme un animal agonisant.
- Rengaine donc ta langue de vipère Theodore, tu n'es pas plus venimeux qu'un papillon.


Il se retourna pour la regarder de ses yeux ciel. Elle leva le menton fièrement, encore assez bien dans sa tête pour ne pas le laisser piétiner les petits bouts d'orgueil qui lui restaient. De ses orbes claires elle soutint fièrement son regard, sourcils froncés.

- Oh, et si tu pouvais trouver de quoi bouffer, tu serais une parfaite petite femme à marier.
- Continue donc sur ce ton, et j'te jure que c'est toi que je bouffe.


Louise ne tenait jamais tête bien longtemps à Theodore, parce qu'il avait souvent raison, et surtout parce que, même si elle crèverait sur place plutôt que de l'admettre, elle était rongée par la culpabilité autant que par la Braise. Elle tourna les talons en marmonnant qu'elle verrait ce qu'elle peut faire, et qu'elle restait à portée de vue, comme toujours. Elle se retourna cependant à nouveau vers son collègue.

- Dis-moi donc mon amour, que préférerais-tu manger ? Un ragoût de serpent ? Ou peut-être des scorpions. Parce qu'au cas où tu l'aurais oublié, on est sur la terre brûlée, et nos chers anciens collègues n'ont certainement pas caché un festin quelque part pour notre bon plaisir.

Sur un rire acerbe, elle s'éloigna à nouveau dans le désert.

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Theodore Kidd

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Message(#) Sujet: Re: louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyJeu 2 Avr - 18:08


- que deviennent les rêves qui se brisent ?
- le terreau des rêves à venir.


« Rengaine donc ta langue de vipère Theodore, tu n'es pas plus venimeux qu'un papillon. » La bête d'orgueil qui sommeillait en lui courba l'échine, blessée. Mais la française et sa voix douce marquaient un point ; toute l'énergie qu'il s'efforçait de happer puis de recracher dans ses piques sarcastiques n'était jamais suffisante pour ne serait-ce qu'effleurer sa chevelure soleil. Encore moins aujourd'hui, où la fatigue prenait contrôle de sa neurogénèse, où le sang battait plus ardemment à ses tempes que le vent aux rocs, si bien que le bateau de sa raison était instable, bancal. Peut-être même déjà en train de couler, petit-à-petit, de s'engloutir de l'eau charbonneuse de la désolation, de dévier de cap, tanguant à bâbord, tribord, par-dessus bord. Faut dire qu'il avait du mal à garder le fil de son entendement, l'esprit jalonné de mille et une constellations tapissées d'étoiles mortes et de rêves éteints ; une voix intérieure, acidifiée, qui lui chuchotait que la pente était descendante, que le gouffre était pas bien loin. Il l'avait jamais été, aussi. La Braise était un poids lourd à porter, pour deux paires d'épaules aussi irrégulières. Mais Theo comprenait au fond ; il était conscient de sa destinée macabre, de la fatalité qui pesait au-dessus de son crâne, épée de Damoclès virale qui courait les rues et l'atmosphère et envahissait au goutte-à-goutte son corps et son cœur. Une maladie qui rongeait les os jusqu'à la moelle, qui épaississait les peurs, qui faisait irruption dans les organes, comme un geyser de crainte et de démence qui vous retournait les entrailles. Qui conduisait irrévocablement à la mort, lente, à petit feu.
Mais la Braise, c'est pas la Mort. C'est pire.
« Continue donc sur ce ton, et j'te jure que c'est toi que je bouffe. » Theodore continua de l'observer, de fixer ses prunelles couleur ciel, retrouvant son reflet inversé dans le fond de ses iris. Il était pas beau, le portrait d'artiste. Les traits mal fichus, mal finis, des taches sombres et des traces poisseuses qui lui maculaient la peau. Ça avait beau donner un effet de guerrière amazone pas trop virile, il faisait plus attention aux poches violacées qui étiraient les vallons de ses joues. On aurait dit une vieille pièce de bœuf, qui n'attendait que le hache-viande pour détendre enfin ses muscles. « T’oserais pas. Je suis bien trop beau pour finir de cette manière. » Puis la blonde se détourna de quelques mètres, promettant qu'elle ne serait pas loin. Elle l'était jamais, jamais vraiment. Toujours cette ombre dans son dos, cette présence aussi rassurante que coupable.
« Dis-moi donc mon amour, que préférerais-tu manger ? Un ragoût de serpent ? Ou peut-être des scorpions. Parce qu'au cas où tu l'aurais oublié, on est sur la terre brûlée, et nos chers anciens collègues n'ont certainement pas caché un festin quelque part pour notre bon plaisir. »
Theodore soupira, expiant le diazote de ses bronches. Fallait qu'il dépressurise, qu'il fasse retomber l'électricité dans l'air. Il aurait pu aborder calmement la discussion, l'entamer en douceur, sans tomber immédiatement dans les répliques ironisées. Mais c'était comme ça, depuis. Les mots passaient ses lippes ourlées avant même que le cerveau puisse apposer son droit de veto. Et la langue se faisait vipère folle quand l'irritabilité entrait en jeu. Il chargeait ses pieds lents de le retenir encore un peu et de le conduire jusqu'à la silhouette féline irradiante de lumière sous l'astre stellaire qui les frappait un peu plus de ses rayons brûlants. « Je suis désolé, semblerait que l’exposition au soleil me soit pas très favorable en ce moment. » Il se mordait la lèvre, les yeux tournés sur ses orteils douloureux. Il aimait pas vraiment s'excuser, le gosse. Une arrogance et une compétitivité trop grande l'habitaient pour qu'il se résigne à avouer ses torts. Mais Louise était Louise, et, son seul ancrage actuel dans son monde chaotique. Il pouvait pas risquer de se la mettre à dos, ou de la perdre.
Parce que pire que de sentir la démence poindre, de grandir comme une tige de rose aux épines acérées, c'était de le sentir seul. Quand bien même l'unique personne vivante dans votre environnement était aussi celle qui avait semé la graine.
« Mais tu marques un point, concernant la nourriture. » Il soupira derechef, son esprit faisant défiler des images succulentes de plaisirs d'avant, de pizza brûlante, de pastèque rafraîchissante, de pâte gaufrée au sucre, de mousse au chocolat, de jambon et de petits pois. Même le simple son « casserole » faisait hurler son petit estomac rétracté. Theo fit un tour sur lui-même, manquant de s'emmêler les pattes, tendant un doigt tremblant dans plusieurs directions incertaines. « Peut-être qu’en continuant vers le Nord, on trouvera… » Sa coéquipière n'avait jamais été emballée par leur expédition pédestre au destin indiscernable. Et quelque part, l'anglais s'en voulait de ne pouvoir lui apporter de réponse concrète, de direction gps précise, de mots rassurants, de conseils avisés. Il pouvait même pas prédire qu'ils tiendraient une nuit de plus. Il pouvait même pas lui promettre de la faire sourire, de lui faire oublier, de pas partir avant, d'en finir convenablement. Il pouvait rien. Il pouvait rien et ça le foutait mal, ça le rendait nerveux. Il en avait marre de faire comme s'il sentait rien, comme si tout lui glissait dessus et qu'il était plus qu'un fantôme sans couleurs errant entre deux dunes. Sous le poids de la colère qu'il se vouait à lui-même, ses doigts se crispèrent et ses phalanges blanchirent d'une traite. Il était un tas de cendres couleur granite, jamais vraiment éteint, qui pouvait s'embraser au moindre souffle, à la moindre surcharge. Et il sentait bien sa coque se fêler, sa carapace se fissurer si fort que l'enfer et les cieux, un bref instant durant, ont dû en trembler. « Ouais, j’sais pas, j’sais plus, ça me les pète cette affaire d’ornithorynque-cloporte-morbiond-de-mes-deux ! BORDEL DE MERDE. » C'est la Braise, porte-parole de la folie et de la régression humaine, qui agitait ses pensées, qui détournait son regard, qui lançait une course folle à son pacemaker naturel. Il sentait une rage soudaine l’ensevelir, cogner contre les parois de sa cage thoracique, comme une déferlante vigoureuse un soir de tempête. Puis une lueur de lucidité éclata dans ses veines, et il arrêta ses gestes brusques, ses mouvements disgracieux et spasmodiques. Il devait avoir l'air pitoyable, devant Louise, à se comporter comme un vieux fou. Et sur l'instant, l'air navré, il était plus certain duquel d'entre eux était le plus perdu. « Pardon. » La Braise, c'est pas la Mort. C'est pire.
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Message(#) Sujet: Re: louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb EmptySam 4 Avr - 16:02

- Je suis désolé, semblerait que l’exposition au soleil me soit pas très favorable en ce moment.

Louise se retourna brusquement pour le confronter, ses lèvres de poupée – quoique gercées par le manque d’eau – pincées de colère. Elle le toisa un instant, regard dur de ses orbes glaciales. La culpabilité s’immisça pourtant dans son cœur de pierre alors qu’il baissait la tête comme un gamin désolé. Parce que c’était Theo, et que pour Theo, elle ferait n’importe quoi, à condition qu’il ne la quitte jamais, plus jamais, qu’il ne la laisse pas toute seule dans le noir, dans sa nuit sans étoile, sans phare, sans lumière. Etoile (n.f.) : chose qui brille(ait). Toutes les étoiles étaient tombées, brisées, effondrées au milieu de ses débris d’humanité. Elle se tordait les mains, violemment, pour contenir la colère, et tous ces autres sentiments contradictoires qui ne demandaient qu’à jaillir de ses entrailles. Il ne lui restait plus grand-chose, à Louise, alors elle ne voulait pas, qu’encore, la Braise lui vole tout ce qui lui restait. La Braise, écho lointain au feu qui brûlait dans ses entrailles, dans sa tête, dans son cœur. Exploser, abandonner, se perdre, partir à la dérive, ça serait bien plus simple, plutôt que de s’accrocher douloureusement, de lutter contre le poison déjà dans ses veines. Lutter, pour quoi ? Pour Theodore, n’oublie pas Theodore. Sa tête contredisait son cœur. Elle entrouvrit ses lèvres fines. Inspire, expire, peut-être la dernière chose qu’elle puisse encore faire sans avoir à mener une lutte violente contre son cerveau qui déraille.

- Ça va. C'est moi qui suis désolée.

S'excuser, ça avait tendance à lui arracher la gorge. Pourtant, pour lui, elle pouvait bien faire cet effort. Elle baissa la tête un instant, un peu gênée, Louise, trop peu habituée à montrer ses faiblesses et à laisser tomber son masque. Elle replaça derrière son oreille une mèche de cheveux blond doré, puis releva la tête, offrant à Theodore un sourire piteux. S’excuser, ça lui donnait toujours l’impression de ployer les genoux, de courber l’échine, d’être faible. Louise n’est pas faible, jamais. Louise est une étoile filante, toujours, pas une étoile éteinte, certainement pas. Louise ne ploie pas, ne baisse pas la tête.

- Mais tu marques un point, concernant la nourriture.

Elle aurait pourtant, pour cette fois seulement, préféré avoir tort. Elle balaya du regard l’étendue désertique, le sable à perte de vue, le vide, rien de plus que des nappes de sable brûlant, encore et toujours, jusqu’à l’horizon. Pourtant, malgré les rayons trop vifs qui enflammaient ses épaules, ou le sable qui lui brûlait la plante des pieds, c’était bien la faim, qui la dérangeait le plus. La faim, qui lui tordait les entrailles, lui faisait perdre la tête encore plus. La faim, c’était peut-être pire que la Braise. Ou peut-être pas, Louise ne savait plus trop, à vrai dire. Il lui semblait que même sa notion de la douleur était détraquée, presque autant que sa capacité à percevoir la réalité. Parfois, elle voyait la ville, au loin. Mais le lendemain, elle avait disparue, en même temps que l’espoir. Parfois même, son monde vacillait, tanguait violemment, faisant tourner sa tête.  Peut-être que c’était ça, sa tête, qui tournait. Ou le monde. Ou juste le désert. Puis après, elle attrapait le poignet de Theodore, pour le serrer fort, pour ne pas se perdre dans le monde qui va trop vite, pour ne pas se perdre dans son esprit. Elle avait terriblement besoin de lui, toujours, jusqu’à sa mort. Elle le regarda se retourner, chanceler un peu, chercher, trouver, se perdre et se retrouver. Il était dans un sale état, lui aussi. Louise fit quelques pas hésitants, et s’arrêta à côté de son équipier, à la vie, à la mort. Surtout la mort.

- Peut-être qu’en continuant vers le Nord, on trouvera…

La ville, de la nourriture, de l’eau, ou même la mort. Elle en avait assez, d’avancer à l’aveuglette dans le désert sans vraiment savoir où aller, sans savoir si, au bout du chemin, elle rencontrerait la mort, ou peut-être un jour de plus à vivre. Elle ne contrôlait plus grand-chose, sa vie était suspendue à la perception de son collègue qui décidait de la direction à prendre, toujours. Et Louise ne pouvait rien faire d’autre que se raccrocher à lui, parce que dans sa tête à elle, rien n’était clair. Mais il faudrait peut-être qu’elle arrête de se reposer sur ses épaules à lui. Theodore, il était plus solide que Louise, Louise faite en sucre, Louise totalement brisée. Louise, la fille, la blonde, la poupée, l’étoile éteinte. Mais Theodore, lui, il ne pouvait pas se reposer sur Louise. Et peut-être qu’un jour, Theodore, il serait brisé à son tour. En lui aussi, quelque chose finirait pas se rompre, par s’éclater sur le sol, laissant place à la folie, et à rien d’autre. Louise aurait voulu pouvoir l’aider, le soutenir. Et toujours, elle attendait, au milieu du désert, qu'il prenne une décision, qu'il choisisse pour elle, qu'il décide de tout, de l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin, la vie et la mort. Elle tourna la tête vers lui, et remarqua qu'il tremblait, Theo, qu'il craquait sous la pression ou que la Braise gagnait du terrain. Elle lui attrapa le poignet, fermement, comme un dernier ancrage à la réalité alors qu'elle le voyait glisser, abandonner, sombrer.

- Theo, on...
- Ouais, j’sais pas, j’sais plus, ça me les pète cette affaire d’ornithorynque-cloporte-morbiond-de-mes-deux ! BORDEL DE MERDE.

Louise pinça les lèvres, fronça les sourcils, lâcha son poignet et recula d'un pas, pour éviter ses mouvements brusques et désordonnés. Elle aurait voulu lui parler, le réconforter, l'aider, mais c'est pas comme si elle pouvait faire quoi que ce soit contre la Braise, la poupée. La folie, c'était trop communicatif, parce que Theo et Louise, quand ils se noient, ils se noient ensemble. Elle serra les points alors que son coeur de glace palpitait irrégulièrement, de plus en plus vite.
Elle le frappa au visage, de toute sa maigre force, son poing de porcelaine heurtant le visage d'acier de Theodore. Elle le fixa un instant - lueur de folie en résonance dans leurs yeux clairs. Louise voulait croire qu'elle l'avait fait pour l'empêcher de se noyer, avec elle, dans les eaux noires de la folie. Mais c'était la Braise, toujours la Braise, qui submergeait son humanité, qui l’étouffait de l'intérieur, empoisonnait sa tête et son cerveau infâme.

- Pardon.

Louise haussa les épaules. Elle recommença à marcher, à la recherche d'un refuge pour la journée. Ils recommenceraient à avancer, au coucher du soleil, mais pour l'instant, ils avaient besoin de trouver un endroit où s'abriter du soleil. La température était déjà insupportable, la lumière lui donnait mal à la tête, à la blonde fragile. Elle se retourna vers son collègue, le toisa de ses orbes clairs, les bras croisés contre sa poitrine. Elle sentait battre doucement son coeur de glace, dernière sensation capable de lui rappeler qu'elle était vivante. Elle regardait, là, Theodore et son air navré, et son air pitoyable. Elle avait l'impression que pour une fois, elle devrait être là pour le soutenir, lui. Louise lui offrit alors un sourire, parce qu'au final, c'était le mieux qu'elle puisse faire, elle, la poupée de glace aux sentiments boiteux.

- Allez marche, je t'interdis d'abandonner maintenant. Elle lui lança un regard sévère de ses yeux clairs. Puis je passerai pas une seconde de plus sous le soleil pour te regarder chouiner sur ton sort, alors bouge. Maintenant.

Laborieusement, elle recommença à marcher. Louise, elle n'avait aucune envie de continuer, elle aurait largement préférer abandonner, ici, dans le sable et sous le soleil, servir de chair à vautour et ne plus jamais se voir sombrer. Ne pas se voir devenir un animal. Mais pour lui, elle n'avait pas le droit, parce que tout était de sa faute. La folie qui gangrenait leur cerveau, empoisonnait leur corps, elle en était la source.

- On doit aller jusqu'au bout du monde, tous les deux, j'te rappelle. Ou au moins, jusqu'au bout de ce désert. Et puis j'commence à avoir la tête qui tourne, et puis j'ai chaud, ça me saoule vraiment.
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Occupation : fondu errant entre deux dunes de sable
Inventaire : une louise un peu plus cinglée chaque jour, un trou dans sa poche gauche et dans son coeur, un sachet de bliss et un revolver pas très maniable, chargé de cinq balles

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Message(#) Sujet: Re: louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb louise (+) my mind was a fog, my heart became a bomb EmptyLun 6 Avr - 0:03


- que deviennent les rêves qui se brisent ?
- le terreau des rêves à venir.


L’impulsion avait été inattendue et d’autant plus surprenante. Quoique peu puissante, le choc entre la porcelaine étincelante et le marbre lézardé avait été nimbé d’une vague d’électricité parcourant leur deux peaux diaphanes, trop exposées au soleil meurtrier. La main de Louise sur sa joue était chaude, pourtant, le contact, bien que bref, avait eu l’effet d’un seau d’eau glacé. Un frisson parcourut son échine alors que ses yeux se remettaient de la scène. Elle avait eu raison. Il pouvait pas rester simplement là, debout, chancelant, à attendre que le déluge tombe, que la tempête ou la mort l’emporte. Il avait pas le droit de tout laisser tomber, comme quelques bricoles recluses au fond d’une pièce, qui prennent la poussière, qu’on regarde plus. Il avait pas le droit d’abandonner, de lâcher le fil invisible qui le reliait à la poupée blonde depuis qu’on les avait foutu dehors, reclus de la société, parce qu’ils étaient différents. Parce qu’ils étaient maudits. Il pouvait pas. Il avait promis.
Et puis, qui s’occuperait de Louise, s’il était pas là pour le faire ? Qui coulerait des regards en coin sur la figurine de cristal, appréhendant qu’elle n’éclate et ne se disperse en mille fragments au moindre coup de vent ? Parce que le cristal, c’était beau, c’était délicat, ça brillait, ça renvoyait la lumière, ça berçait et ça chantait, mélodie douce-amère qu’il entendait jusque dans son demi-sommeil, parfois. Mais le cristal, c’était fragile. Ça s’écrasait facilement, ça se brisait en éclats difformes qui s’envolaient un peu partout. Et c’était jamais simple de recoller les morceaux.
Et parfois, le cristal, ça blessait. Ça renvoyait des mots acérés, qui martelaient sa poitrine, qui venaient s’implanter dans sa chair, pointes de lances verbales et acerbes qui faisait naître des ecchymoses sur son orgueil déjà bien amoché. Et alors, Theo, selon ses humeurs, selon sa propension à la diplomatie, répondait. Ou laissait les râles d’agonie de son cœur faire écho à ceux de Louise. Mais y avait des fois, aussi, de temps en temps, où les deux compagnons brisaient la glace, accomplissaient un pas supplémentaire pour atteindre chacun l’autre côté du ravin qui les séparait. C’était de petits mots, pas tout à fait doux, jamais vraiment infects, des petits regards, en coin, jamais vraiment démonstratifs, juste histoire de s’assurer que l’autre va bien ; des sourires piteux, pour essayer de remonter le moral de l’un, pour essayer de lui dire, t’en fais pas, va, on s’en sortira ; le contact entre deux pans de peaux, deux poignets, ou simplement le son de la respiration de l’autre, des petites choses, des petits détails qui servaient de bouées dans l’océan d’anarchie, d’attaches sur une falaise trop ardue pour être surmontée seul. « Allez marche, je t'interdis d'abandonner maintenant. » Theodore était debout, statique, reprenant son souffle et le pouvoir sur ses émotions détraquées. Il respirait la bouche entrouverte, les yeux dans le vague, pas encore véritablement conscient de ce qu’il venait de se passer, et de ce qu’il se passerait ensuite. Il hocha la tête, de façon presque imperceptible. « Puis je passerai pas une seconde de plus sous le soleil pour te regarder chouiner sur ton sort, alors bouge. Maintenant. » Il percevait les pas d’une Louise plus ou moins déterminée s’éloigner dans son dos. Sur l’instant, il savait pas trop quoi répondre, il avait pas de réplique cinglante à lui lancer, toutes ses défenses étaient tombées, un instant auparavant, et il chargeait toute son énergie pour reconstruire les remparts autour de son cœur. Se laisser sombrer, c’était pour les faibles. Il ferma alors les yeux, l’espace de quelques secondes, pour faire le vide. Fallait qu’il se concentre. Fallait qu’il poursuive la lutte, le gamin. Fallait qu’il reprenne ses esprits, le contrôle de sa vie.  Puis, il mouva un pied, puis le second, le premier, le second, et les pas s’enchaînèrent, jusqu’à ce qu’il rattrape sa collègue, silhouette féminine déformée en ondulations par la chaleur qui s’abattait de plus en plus sur eux. « On doit aller jusqu'au bout du monde, tous les deux, j'te rappelle. Ou au moins, jusqu'au bout de ce désert. Et puis j'commence à avoir la tête qui tourne, et puis j'ai chaud, ça me saoule vraiment. » Il la suivrait partout, du moment qu’ils restent en vie, à deux. Ils avaient plus grand choses, à eux deux ; tout juste assez d’eau pour quelques temps encore, tout juste assez de volonté pour en finir dignement, tout juste assez d’ego pour pas totalement assumer, tout juste assez d’humain pour pas s’entretuer, finir en lambeaux, l’instinct primaire dans le fond des yeux et des grognements monosyllabiques en guise d’unique langage. Il restait plus grand-chose, mais ils étaient pas seuls. C’était déjà suffisant. « On y arrivera, au bout du désert, au bout du monde, au bout de tout. » Il faisait de son mieux, Theo. Il essayait de mettre un peu de détermination dans sa voix, un peu d’espoir. Mais il était pas certain de chercher à convaincre Louise plutôt que lui-même. Espérer, c’était un truc de gens riches. C’était le genre de luxe dont ils pouvaient pas se permettre. Ils avaient pas le droit d’espérer. Ils avaient pas le droit d’échouer pour autant.

***

Le trajet semblait lui semblait interminable. Il concentrait toute son énergie restante dans le mouvement -plus très fluide- de ses deux jambes. Il avait les lèvres sèches et la gorge nouée ; il déglutissait plusieurs fois d’affilée, essayant d’économiser sa salive. Et il raccrochait de temps en temps ses doigts au poignet de Louise, pour s’assurer qu’elle était toujours là, qu’il était toujours là aussi, pour pas tomber, pour pas s’écraser, tête la première, dans le gouffre sombre qui les attendait un peu plus impatiemment chaque jour. Mais le pire, dans toute cette aventure, c’était qu’il savait plus trop, s’il marchait depuis trente secondes, dix minutes, une heure, six, dix-huit, deux jours, cinq semaines, six mois. Le wicked était pas du genre à renvoyer ses employés infectés avec un pack de survie intégral comprenant un gps précis, une montre holographique de plongée, des rations militaires ni même le couteau de Bear Grylls. Alors, il savait plus trop, Theo, quand exactement, il avait commencé à apercevoir une forme floue se discerner un peu plus loin. Il savait en tout cas, que l’astre stellaire n’en était pas encore à son zénith, il l’aurai déjà senti aux brûlures de sa nuque. Mais il avait plus trop la notion de douleur non plus, depuis quelques temps, faut dire.
Lorsque l’image commençait à se faire plus nette, lorsqu’il était presque certain qu’il ne s’agissait pas d’une machination vicelarde de son esprit, d’un mirage trop pleins de désirs et d’espoir pour être vrai, il pris une grande inspiration, comme s’il réalisait enfin la chose, avant de pointer la direction du doigt, attirant l’attention de Louise en pressant brièvement sa main. « Là-bas. » Ses pas se firent alors plus rapides, plus maladroits, trop avide d’enfin arriver au but.  Il était prêt à se retourner et à lancer un regard hautain, un sourcil arqué, à son ancienne collègue, en clamant un fier « Tu vois, j’te l’avais bien dit. » mais il était trop éreinté pour expirer la moindre parole.
Il ralentit soudain, à quelques mètres de ce qui semblait être un enchevêtrement de quelques baraques de briques orangées par l’environnement. Certaines n’étaient plus que tas de ruines et de poussière ocre, se fondant dans une harmonie étonnante avec la terre aride et sèche qui les portait. La plus proche, semblait encore tenir, bravant vents et rayons solaires. Alors Theo, après avoir demandé l’aval de la bonde d’un regard pénétra dans l’abri le plus solide.  Et  à peine entré, il s’appuya contre l’une des parois de pierres, avant de se laisser glisser jusqu’au sol et d’étendre ses jambes endolories. Il ferma à nouveau les yeux, l’esquisse d’un sourire étirant ses lippes. « On l’a fait, Louise, on a trouvé. » A l’entendre, ils avaient accomplis le plus valeureux des pèlerinages. Au fond, ce n’était qu’une étape de plus dans leur marche vers la mort. Il releva ensuite la tête, observant sa partenaire de route de ses pupilles claires. Son expression était redevenue sérieuse, quoi que ses traits fussent ombrés d’un voile semblable à la honte. « Merci pour… pour avant. » Merci pour ne pas m’avoir laissé tomber, merci pour avoir été là, pour me remonter quand j’étais plus certain d’y arriver, merci pour être toi. Theo, il savait qu’il finirait par mourir, un jour ou l’autre. Mais ça allait. Il le prenait bien. Parce qu’il s’en irait pas seul, il avait Louise.
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