poor child thrown in the mouth of the wolf

Un nouveau est arrivé aujourd'hui. Quand y a des nouveaux, Archy n'est pas vraiment le plus heureux des blocards. Il devrait se réjouir, c'est vrai, mais ça veut aussi dire qu'un nouveau pauvre gamin est dans cette merde avec eux. Il sourit quand même, Archy. Il peut pas s'en empêcher, voilà tout. C'est un bon moyen de retenir le peu d'espoir qui reste gonfler son cœur, un bon moyen de montrer aux autres qu'il faut relativiser et parfois, voir le bon côté des choses même si c'est complètement stupide. Il trouve pas le moyen d'être réellement optimiste sur leur situation plus que compliquée et catastrophique. Ils sont coincés dans un labyrinthe à la recherche d'une sortie qui n'existe sûrement pas, et ils sont les proies parfaites pour les Griffeurs qui s'y promènent attendant de les tuer.

Un gamin de quatorze ans n'est pas le bienvenu dans ce foutoir, dans ce labyrinthe des horreurs. Ce pauvre greenie n'a pas sa place dans ce monde de violence, de désespoir et de malheurs. Archy fait tout pour leur rendre la vie plus facile, plus paisible et malgré des soirées sereines où ils sont bercés par la douce illusion que cet enfer se terminera bientôt, le retour à la réalité reste toujours violent. C'est sûrement pour ça qu'il essaye d'être direct sans rester trop froid dans ses propos quand il présente le labyrinthe aux nouveaux.

Adossé contre un arbre de la forêt, il surveille le petit un peu plus loin qui essaye sans doute de se familiariser avec sa nouvelle vie. Le pauvre, à cet âge si peu avancé, il devrait être en train de s'amuser avec ses amis au lieu de se retrouver à travailler pour essayer de survivre. Il ne devrait pas avoir à craindre le lendemain, il ne devrait pas avoir à affronter autant d'épreuves et ressentir une crainte aussi grande. Mais le chef qu'il est veut protéger tous les blocards présents dans ce foutoir. Il s'est attaché à eux et il est un peu comme un père, parfois dur mais toujours doux et raisonnable dans le possible. Il essaiera d'être une bouée de sauvetage pour ce petit aussi.

Il finit par souffler, le brun. Faut qu'il trouve un moyen d'alléger les maux du gosse qu'importe s'il doit y passer ses journées. De toute façon, c'est son rôle. Il est le pilier ici. Il s'approche donc doucement du nouveau, aucuns gestes brusques pour ne pas le faire fuir et il garde son éternel sourire chaleureux bien scotché à ses lippes. Il sait pas trop comment engager la conversation alors il y va franchement même si c'est un peu bancal, un peu maladroit. « Tu te souviens de ton prénom, alors ? T'inquiète pas, tu t'habitueras vite au trou de mémoire. Ça fait bizarre au début mais au final, on arrive facilement à vivre avec. » Il lui donne un léger coup dans son épaule, doux, son coup il l'est. Il veut pas lui faire mal, pas lui faire peur, c'est un moyen de le rassurer, de lui dire qu'il est là. « La plupart des gars se créent une vie plutôt cool, ça fait passer le temps quand on peut enfin souffler après le travail. » Lui, il n'a jamais essayé. De toute façon, son esprit est trop encombré par les problèmes qu'il doit régler à longueur de journées. « On t'a montré un peu tout ? J'avais pensé que tu pouvais commencer par sarcleur avant de te spécialiser, t'as le temps de toute façon. » Il lui intime de le suivre et il l'amène vite au jardin, faisant tout le long du court trajet un petit topo sur les lieux, sait-on jamais s'il n'avait pas encore visité. « Juste avant que tu commences : j'suis Archimède mais tout le monde m'appelle Archy. J'suis le chef ici mais t'inquiète pas, je trouve pas les gosses à mon goût. » Un clin d’œil pour lui faire comprendre qu'il n'allait pas le manger avant de continuer dans sa lancée, et qu'il plaisante bien sûr. « On a trois règles ici : la première, on déteste les fainéants. Tout le monde a un job. La deuxième, aucune querelle entre blocards ne sera acceptée. On doit tous se faire confiance parce qu'on est tous dans la même merde et la troisième, interdiction de franchir la limite des murs, tu m'entends ? Tu n'auras pas le droit de visiter le labyrinthe. Je rigole pas au niveau de ça. » Son regard diverge finalement vers l'entièreté du jardin mais il ne voit guère le maton de ce domaine. Où est-il passé ? Il lève les yeux au ciel avant de les tourner à nouveau vers le petit. « Bon, en attendant qu'il arrive, t'as des questions ? »