Quelques années avant nos jours Gaïa vie une parfaite petite vie bien rangée à DC avec son mari dans le plus grand bonheur. Oui bien sûr le monde est pourri jusqu’à la moelle et leurs jours sont comptés, mais tant qu’ils ont l’un l’autre, ils peuvent survivre à n’importe quoi ! Enfin, c’est ce qu’elle a pensé à l’époque.
Un jour ils ont appris qu’ils étaient infectés par la Braise. Qui dit Braise dit déportation dans la ville en ruines pour endiguer l’expansion du virus et contenir les malades au même endroit tels des bœufs qui attendent leur tour pour passer à l’abattoir. Eh bien Vince n’a pas supporté l’idée. Lui qui est d’habitude si enjoué, positif, courageux s’est complètement éteint. Du jour au lendemain il n’ouvre plus la bouche que pour raconter un paquet d’inepties et de sottises qui n’ont ni queue ni tête. Gaïa le soutient, elle le supporte, elle l’aime. Mais le jour où Vince atteint ses limites, il attrape ce vieux couteau à la lame rouillée et, devant elle, se tranche la gorge d’un mouvement sec et assuré. Il le fait presque le sourire aux lèvres. Sans doute pense-t-il voir trouvé la salvation dans la mort. Toujours est-il qu’il s’éteint en quelques secondes, son sang se répandant en de grosses gerbes rougeâtres sur elle, sur les murs, sur la table, sur le sol. Elle reste un moment inerte, immobile, choquée par ce geste inconsidéré. Mais elle doit se rendre à l’évidence, Vince vient de l’abandonner préférant se retrouver seul de l’autre côté plutôt que de la soutenir et passer ses derniers mois avec elle. Grande sentimentale, elle pleure toutes les larmes de son corps pendant des jours durant. Mais après être passée proche de la mort par inanition elle se lève de sa couchette, essuie ses larmes, -son visage est complètement fermé- elle attrape de quoi se sustenter et elle abandonne la cabane dans laquelle le couple a élu domicile à leur arrivée dans cette ville terrifiante. Elle jette un dernier regard à la dépouille nauséabonde de Vince qui commence à attirer les rats. Et elle ferme la porte pour ne jamais revenir.

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Au petit matin, notre amie se lève de sa couchette en projetant sur le côté sa couverture rapiécée qui lui tient chaud lors des nuits glacées de la zone. Son corps nu est alors révélé au grand jour devant… Ben, personne. Elle est seule et cela depuis trop longtemps vous dirait-elle. Mais mieux vaut être seule que mal accompagnée lui dirait sa mère. Fine et élancée, son corps est plus affûté que la lame de sa machette. Ses muscles secs mais visibles se contractent au moindre de ses mouvements. Cuisses, abdominaux, fesses… Rien n’est oublié. Elle se penche par-dessus un vieil évier duquel coule un minuscule filet d’eau. Elle met ses mains en coupe pour attraper un maximum de ce liquide précieux qu’elle vient répandre sur son corps. Dessous de bras, pieds, oreilles, cheveux, seins elle tient à rester un minimum hygiénique. On ne dira pas "propre" parce que se laver sans savon est difficile. Ce rituel est une habitude qui ne la quitte pas même si elle perd l’esprit jour après jour.
Une fois habillée et équipée de tout son barda, elle prend la route à travers la ville. Il faut chercher de quoi survivre, il faut parfois l’arracher des mains des autres quitte à devoir en trancher certaines. Sa machette est là pour ce petit détail. La loi du plus fort a pris le pas sur la civilité et le bon sens dans cette ville, mais n’est-ce pas le cas dans le monde entier au final ? Parfois il lui prend de réfléchir à sa condition et de s’imaginer saine et sauve à DC ou Denver… Mais elle revient vite à la réalité lorsqu’elle doit trucider un autre fondu plus atteint qu’elle qui tente de lui croquer dans le mollet ou la gorge. Bon elle n’est pas en reste niveau barbarie et cruauté, ne vous en faites pas pour sa survie, elle assure ses propres arrières et n’a besoin de personne.